Ni rentier ni sans-dent, Huissier tout simplement !

Ni rentier ni sans-dent, Huissier tout simplement

Gabriel DAHAN -Huissier de Justice à Saint Etienne de Montluc LOIRE ATLANTIQUE 44

Actuellement installé dans le centre du département à Saint Etienne de Montluc après un diplôme de 3éme cycle en Droit et deux ans de stage sanctionnés par un examen professionnel national, je me suis endetté étant contraint par les textes de m’installer dans le fauteuil du titulaire d’un office existant pour exercer ce métier certes ancien mais qui n’a, au XXIè siècle, rien de commun avec une profession antique

Les conditions de diplôme et de formation permanente ne cessent d’évoluer et il est faux de considérer qu’aucune concurrence n’existe entre nous : pour simple exemple notre compétence territoriale s’étendra au 1er janvier 2015 à l’ensemble des communes du département créant une salutaire simplification et une offre accrue au service du consommateur.

Pour rembourser mes échéances, je ne suis pas rivé derrière mon ordinateur à calculer le fruit de mes rentes, je passe le plus clair de mon temps sur le terrain pour des missions de significations et de constats adaptant mon emploi du temps à celui de mes interlocuteurs.

Je vous invite à passer une journée en ma compagnie : chaussures de marche et thermos de café de rigueur : l’heure des repas est plus propice à rencontrer les destinataires de mes actes qu’à déguster les repas savamment concoctés par les chefs étoilés des Relais Châteaux ; vous découvrirez les délices que proposent les pâtissiers de campagne que vous savourerez en voiture au gré des lacets des routes départementales que le maillage territorial me fait découvrir quotidiennement.

Nous offrons une qualité de service inégalée de par notre formation et notre implication en tant que juriste de proximité : nous sommes le tampon entre les velléités des adversaires d’un jour avec pour credo permanent le devoir de mesure. Plutôt

médiateur que fossoyeur.

Je vous laisse imaginer le sort des redevables lorsqu’ils seront aux prises directes avec l’huissier issu de la déréglementation qui pourra être le préposé de la société de capitaux qui revêtira également l’uniforme de pourvoyeur de crédit.

Notre but n’est pas de faire pleurer Margot mais d’inciter les pouvoirs publics à respecter les règles pré existantes et à ne pas les modifier en cours de partie.

Que diriez-vous si du jour au lendemain, après 20 ans de remboursement d’un crédit souscrit pour l’achat de votre maison, l’Etat décidait de balayer d’un revers de main les droits que vous avez acquis vous privant du fruit de vos efforts ?

Ce projet de libre installation aura un coût social notamment en terme de pertes d’emplois et de surendettement de confrères installés (cela existe déjà et aura la fâcheuse tendance à s’amplifier), sociétal et en espèces sonnantes et trébuchantes pour Bercy.

En effet je rappellerai le sacro-saint principe de l’égalité des citoyens devant les charges publiques que j’ai eu l’honneur de rappeler en décembre 2008 à la tribune d’un forum professionnel à Paris devant un Procureur Général et un Conseiller d’Etat qui doit comprendre en 2014 pourquoi j’en voulais à ce point à l’Etat , principe au nom duquel dans l’hypothèse où un intérêt général met en péril un intérêt particulier, ce dernier a droit à une juste et équitable indemnisation.

Et cette indemnisation l’Etat ne pourra pas y couper.

Monsieur le Président, non merci pour ce changement.